Chanter dans un chœur témoin – une expérience métamorphosante!
Depuis ma première expérience dans un choeur témoin, ma vie chorale a pris un nouvel élan.
Le tout a débuté avec ma première participation en 2021. C’était le chœur témoin d’un étudiant à la maitrise en direction chorale de l’Université de Sherbrooke, Rémi St-Jacques pour ne pas le nommer. Immédiatement après en 2022, je plongeais allègrement dans celui de Caroline Simard, une étudiante du même programme. Pour refaire la même chose cette année avec un troisième étudiant, Jean-Michel Lemire.
Entre ces magnifiques expériences, j’ai aussi participé au chœur témoin du programme de formation de chefs de chœur de l’Alliance chorale du Québec l’été dernier.
La piqûre, toé. Solide.
Qu’est-ce que ça m’a apporté chanter dans un choeur témoin? Tellement de choses!
- Ces programmes étant de courte durée, ça m’a permis d’accélérer mes skills d’apprentissage (j’en ai déjà parlé ici). Une dizaine de pièces à apprendre en 2 mois, pas l’temps d’niaiser. Surtout quand tu chantes déjà avec d’autres chœurs! Laissez-moi vous dire que je m’en viens pas pire pour décortiquer une pièce avant même de l’attaquer. Tellement plus facile après!
- De nouveaux environnements de travail. On s’en rend pas compte, mais en chantant continuellement avec le même chœur, on pogne des plis. Les pièces changent, mais the song remains the same comme chantait l’ami Robert. Même réchauffements, mêmes procédés d’apprentissages, mêmes camarades à ses côtés. Mêmes jujubes rouges à la pause. Rassurant, certes. Une confortable pantoufle chorale!
- Mais quand j’ai vu ces occasions, brèves, sans engagement, d’aller voir ailleurs qui j’étais, comme choriste, mais également comme être humain, je n’ai pas hésité un moment à me joindre à un choeur témoin. Surtout que c’était pour une bonne cause.
- Bon, c’est sûr, chaque fois, c’est un nouveau challenge, à la fois social et choral. Tu chantes à côté de personnes différentes. Parfois meilleures que toi, parfois, moins. Comme dans un chœur normal. Sauf que t’as pas une année complète pour t’y faire.
- Autre élément de changement, probablement le plus important dans ce type d’ensemble vocal, la personne qui gesticule en avant avec la petite baguette est une autre personne que celle à laquelle tu t’es habitué. La gestique est différente. L’approche aussi. De même que l’expérience.
Comprendre à quoi ça sert un chef!
Je me souviens un jour de spectacle, dans un camping, une amie qui restait dans ce camping et son chum étaient venus nous voir chanter. Après le show, chum m’avait dit : je comprends enfin à quoi ça sert un chef!
Chanter dans un chœur témoin, c’est un peu ça. Comprendre enfin à quoi ça sert un chef. Comprendre surtout la valeur précieuse et fragile du lien qui unit le chef à son choriste. Cette communication majoritairement non verbale qui fait passer une émotion par personne interposée. Qui donne le goût aux choristes de la vivre. De l’exprimer. De la sublimer. Ensemble. D’une seule voix.
Un chef, c’est un organiste avec pas d’doigts. Chacune des touches de son clavier humain a un background, une expérience, une sonorité, une shape uniques. Sa job, ramasser tout ce beau monde pour en faire quelque chose d’homogène, de senti, de vivant. De beau.
C’est ce que j’avais le goût d’explorer avec ces chœurs témoins. Voir le chant choral de l’autre côté de la caméra.
J’ai particulièrement apprécié mon expérience avec le chœur témoin de l’Alliance pour ces raisons :
- Ça dure même pas une semaine ;)
- Tu chantes les mêmes pièces, mais tu te fais diriger par des personnes différentes. De niveau différent. Devant moi, il y avait des chefs qui dirigeaient déjà un chœur. Et d’autres dont c’était à toutes fins utiles la première expérience. On a peu de temps de travail avec chaque chef, mais déjà, on sent les différences d’interprétation. Les visions différentes. Les styles différents. Certains tiennent le rythme comme un métronome lâché lousse. D’autres, avec une précision toute militaire.
- Tu chantes avec des pros. Le chœur est formé d’un octuor de choristes expérimentés et de choristes réguliers. Pas loin de toi, t’as toujours un repère, mais aussi l’occasion d’apprendre comment mieux interpréter une pièce. Dans mon cas, j’avais chef Martin Dagenais dans les oreilles. Et pas trop loin Alain Lanctôt. Clisse que j’ai jamais aussi bien chanté que cette semaine-là!
- En regardant les 3 chefs professionnels (Lucie Roy, Johanne Ross et Raymond Perrin, quand même pas d’la tite bière!) interagir avec les chefs wannabe, tu apprends énormément sur la job de chef. Et surtout, tu réalises l’importance du lien qui t’unit à ces personnes. Tu constates que la direction ne passe pas que par la battue, mais par le body language, l’intention, les yeux. La connexion. T’apprends à lâcher ta partition. La surprise d’un chef qui voit que tu le regardes, ça n’a pas de prix! Sont pas habitués, les pauvres hahaha!
- Tu vois l’évolution rapide des apprentis, fermement mais amoureusement encadrés par les pros. Je me souviens d’une charmante jeune cheffe. Au début, elle était toute gênée. Elle pleurait, à la fois émue et intimidée par cette occasion de réaliser un de ses rêves. Au fil de la semaine, je l’ai vu prendre de l’assurance. Sa battue? Pas forcément la plus précise. Mais l’émotion transmise? Oh la la! Je la saisissais tellement. Je chantais son émotion, pas la mienne. J’avais l’impression de chanter un duo avec elle, seul! J’ai frémi sous ces paroles :
Les hommes sont des femmes
Qui ne pleurent jamais
Ma chanson les désarme
Ma chanson leur permet
– Tu peux pleurer Pierrot, Jean Lapointe
- Tu te démènes pour tes chefs. Tu les as vu travailler fort toute la semaine. Tu veux tellement que ça se passe bien pour eux lors du spectacle. Tu veux tellement rendre les nuances désirées. Tu chantes peut-être les mêmes chansons 2-3 fois, mais chaque fois, ça devient une nouvelle chanson. Tu t’impressionnes toi-même d’être capable de rendre une même pièce de façon si différente.
- Et surtout, surtout le beau sourire et les yeux pétillants de ces belles personnes qui s’installent devant le lutrin. Nervosité, oui, c’est sûr. Nous-mêmes nous le sommes. L’enjeu est important. Notre objectif : revirer cette nervosité en moment musical unique. Suivre les indications de chaque chef d’amour pendant 3 minutes puis voir ses belles dents te flasher ça dans les yeux. Frissons de bonheur!
Choeur témoin : une expérience chorale unique
Depuis ces expériences (et j’espère en vivre plein d’autres : si t’es chef.fe et que tu cherches des choristes pour ton chœur témoin, fais-moi signe svp!), je ne chante plus de la même façon. Je suis plus confiant. Je suis plus autonome. Je m’intègre plus rapidement à un chœur (j’ai chanté avec 9 chœurs différents en 3 ans!). Je pige plus rapidement les gestiques des chefs. Mais surtout, je cherche à maximiser cette douce complicité avec cette généreuse personne qui essaie de me transmettre son émotion avec sa baguette magique.
Vous vous cherchez un petit défi choral? Vous voulez aider des chefs apprentis à approfondir leur plongée dans le joyeux monde de la direction chorale? Vous aimeriez vous faire plus confiance? Et surtout, vous voulez vivre une expérience unique? Tapez-vous un chœur témoin! Vous en ressortirez grandi, comme choriste mais aussi comme personne. À la rentrée en septembre, étonné, votre voisin de pupitre va vous regarder d’un drôle d’air et vous demander : coudonc, c’tu moé ou tu chantes avec plus d’assurance mon B1?
Où sont les hommes?
Parlant de B1, les amis de l’Alliance chorale me disent qu’ils sont en manque de ténors et de basses pour le chœur témoin de cet été (Où sont les hommes, aurait dû chanter Patrick Juvet!), alors messieurs, si ça si vous tente d’être utile tout en vivant une expérience chorale unique, inscrivez-vous ici. C’est du 28 juillet au 5 août 2023. Have fun!