Seth Godin, auteur de Tribes et de nombreux autres bouquins beaucoup plus déterminant à mon avis que ce dernier, demeure malgré tout un de mes philosophes d’affaires préférés.
Champion du produit distinctif qui porte en lui tout ce qu’il faut pour générer des conversations (parfois il l’appelle l’idée-virus, autrefois c’est la vache mauve, mais c’est la même chose) et ardent défenseur du permission-marketing, monsieur Godin viendra « présenter de nouveaux concepts d’affaires conjuguant marketing et nouvelles technologies pour se distinguer et mieux performer en entreprise » à la journée Infopresse 360 sur les opportunités d’affaires qui aura lieu ce mercredi, et où on m’a gentiment invité en tant que blogueur.
Parlant d’opportunités d’affaires, je sais pas pour vous, mais moi, j’ai vraiment eu l’impression que pour la création de ce dernier opus, sieur Godin a surfé sur cette manie quasi obsessive qu’ont plusieurs twitteurs, blogueurs et autres deuxpointszéroeurs de devenir messie à tout prix. L’objectif ultime: avoir le plus d’amis, de followeurs possibles. Comme apôtres, des outils comme tweeter deck, technorati, netvibes et google alerts. En vérité je vous le dis, on est que parce que l’on nous suit.
En résumé: soit vous menez (lead), soit vous êtes mouton-marcheur (sheepwalker). Vision terriblement numérique, sans nuance, et avec somme toute un intérêt questionnable. Pour moi du moins. Mais j’imagine que tous ceux et celles qui collectionnent les amis comme d’autres les timbres-postes sauront retrouver l’énergie nécessaire pour continuer la quête divine.
Mais bon, c’est du Godin, donc c’est sûr que c’est imagé. Et évidemment, parce que c’est du Godin, c’est sûr que ça peut pas être totalement pourri. Rejoignant Conversational Capital dans l’étude de l’impact du tribalisme dans le marketing moderne, on y regarde de plus près le fonctionnement d’une tribu, et surtout de celui qui la dirige et de ceux qui suivent.
En lisant ce livre, on se rendra toutefois éventuellement compte que ce dont traite véritablement Godin ici n’est pas autant de tribalisme que d’émancipation. Celle des groupes qui par leur nombre réussissent à provoquer des changements (obama, ça vous dit de quoi?). Celle des travailleurs qui lorsque l’on leur laisse un brin de lousse réussissent à créer des choses formidables. Celle des entreprises et des marques qui ont tout intérêt à se joindre aux multiples conversations plutôt que de croire qu’elles leadent encore. Et surtout celle de soi, celle de laisser sortir au grand jour tout le potentiel qui nous habite et de prendre en charge sa destinée. De prendre ces emails à 4am dans un hall d’hôtel dans le sud et être heureux de le faire!
En fait, mon plus grand problème avec ce livre est probablement son titre. Plutôt que de l’appeler Tribes, j’aurais plutôt opté pour « Dehors les moutons ». Mais ça l’aurait fait trop ferme pour celui qui prêche déjà depuis un bon bout de temps pour les vaches mauves.
6.5/10
p.s. on se reparlera de la journée 360.