Chanter des oeuvres chorales néoclassiques – des airs de nouveauté!

Habituellement, je ne fais pas d’autopromotion dans ce blogue, mais je vais me permettre cette petite incartade ce matin, juste pour votre bien. De rien, ça me fait plaisir ;) À l’origine, le programme du printemps 2023 du Grand chœur de Montréal pressenti était Le Messie de Handel, au complet, rien de moins. Mais chanter cette œuvre, ça l’implique nombre de musiciens. Et donc, un certain budget. Le conseil d’administration a préféré reporter à un autre moment ce beau projet pour se tourner vers autre chose. Sur le coup, j’étais plutôt dans un mood « zutre alors », mais quand j’ai vu le plan B avec lequel nous est arrivé le chef Martin Dagenais, un programme d’oeuvres chorales néoclassiques, j’ai vite réalisé que c’était plutôt un plan « Aaaahhhhh! ». Ahhhh, comme wow. Aaaahhhh comme ça fait du bien. Aaaaaahhh, comme Aaaaahhh que c’est beau!

Un programme résolument tourné vers des compositeurs (et une compositrice!) vivants. Des œuvres chorales néoclassiques qui nous éclairent d’en dedans pour faire luire nos yeux d’une lumière d’espoir. Des poèmes musicaux pour l’âme et le cœur. Du bouillon de poule pour nos oreilles malmenées par la bruisance contemporaine, les appels mains libres, les klaxons pour un rien, les bips aigus des micro-ondes qui rivalisent de décibels avec ce flot sans fin de trucks de construction qui reculent sans cesse (probablement pour ça que chaque chantier prend du retard, tout le monde recule!!!).

Bref, même si je savais que ça allait faire mal, je savais que ça allait me faire du bien. Mal, parce que ce printemps je chante dans trois autres chœurs, parce que ce matériel sous ses airs éthérés et angéliques est vicieusement technique – a cappella, dissonances, accords fuckés à saveur jazz – et parce que la date du concert tombe une journée avant un autre de mes concerts, lui aussi assez technique merci. Mais s’il faut avoir mal pour réussir à chanter ce beau matériel, je réponds présent! Masochoriste le gars? Indeed!

Voici l’affiche officielle du concert (note : en cliquant sur elle, je vous emmène vers le soleil, oups, trop travaillé mon Saindon ce weekend, je veux dire vers le site transactionnel où vous pourrez vous procurer des billets vers le paradis musical).

Méditations chorales - Compositions chorales néoclassiques

Pas mal toute des noms qu’on ne connait pas, hein? Laissez-moi vous en parler un ti peu.

I shall be an angel of peace – Will Todd 

Cette œuvre récente du compositeur britannique Will Todd – juin 2021 – a été commandée pour et chantée par le réputé ensemble vocal The Sixteen. Encore peu interprétée dans le monde (because la covid), ce sera une première nord-américaine le soir de notre concert.

On y sent l’influence jazz du musicien (tsé, quand chaque pupitre chante en divisi une note d’un accord et qu’aucune de ces notes ne se retrouve dans les autres voix!), mais ça sonne comme une doudou à trois temps (ou plutôt à 6/8) dans un univers épuré où de magnifiques lignes d’un simple violon virevoltent autour de nos voix. À l’oreille, on ne se doute pas du travail qu’il y a accomplir derrière, mais quelle magnifique récompense.

The lark ascending – Ralph Vaughan Williams

 Une autre œuvre chorale néoclassique, épurée et aérienne, et là aussi pour voix et violon. Faut croire que c’est dans l’air du temps! Il s’agit en fait de l’arrangement choral (2019) de Paul Drayton de l’œuvre symphonique (orchestre et violon) du compositeur britannique Ralph Vaughan Williams, jouée pour la première fois en 1921, mais initialement composée pour violon et piano en 1914. Au chant de l’alouette, version 8e dan.

Three Nocturnes – Daniel Elder

Chacune de ces nocturnes est une perle en soi. Réunies, c’est un trésor de beautés. Convaincu qu’un jour, on va trouver des vertus médicinales à ce travail tout en contemplation du compositeur Daniel Elder.

Even when he is silent – Kim André Arnesen

Lors de mon entretien avec la compositrice Marie-Claire Saindon, elle avait choisi cette pièce comme étant l’une des trois pièces qui l’émeuvent à tout coup. Quelle ne fut pas ma surprise de réaliser que nous allions la chanter!

Une pièce qui respire, qui prend son temps. Un texte tout simple. De prime abord. Mais quand on sait qu’il a été gratté sur un mur par un juif qui se terrait à Cologne en Allemagne durant la Deuxième Guerre mondiale, ce texte devient chargé d’une résilience humaine qui fait mal à entendre, même si c’est sublime. Ça va comme suit :

I believe in the sun, even when it’s not shining

I believe in love, even when I feel it not

I believe in God, even when He is silent

Ouch. Kim André Arnesen fait mouche. Et nous, on se mouche.

Répertoire international, certes, mais on y réserve une place de choix pour une compositrice et deux compositeurs d’ici. Et c’est pas juste pour faire politically correct. C’est beau. On gagne à découvrir et chanter notre talent local

O magnum mysterium – Rémi St-Jacques

Une autre œuvre qui a subi les contrecoups de la covid. Cette magnifique pièce du compositeur québécois Rémi St-Jacques devait être interprétée devant public, mais confinement oblige, la pièce n’a qu’été enregistrée. Je dis n’a, mais ce n’est pas péjoratif, car c’est magnifiquement interprété par le Chœur de chambre du Québec, sous la baguette de Robert Ingari. Nous serons les premiers à la chanter devant audience, ce qui en fait une première mondiale. On a même eu la chance d’avoir le compositeur comme chef d’un jour pour la travailler avec lui. btw, si vous voulez en savoir plus sur ce compositeur qui a tous les talents possibles et imaginables, je vous invite à écouter cet épisode de VOCALISES.

Dona nobis pacem – Robert Ingari

Robert Ingari n’est pas que chef et professeur. Il est également un superbe compositeur. On aura la chance de chanter son apaisant Dona nobis pacem, accompagné en toute simplicité au piano. 

Emmène-moi – Marie-Claire Saindon

Lors de mon entretien avec Marie-Claire, je lui faisais remarquer que l’enregistrement YouTube reflétait bien à la fois la résilience, la fragilité et l’espoir de la Terre entière, face à la pandémie. En effet, comme c’était alors la seule façon de chanter en chœur, l’œuvre est une mosaïque de captures vidéos de choristes qui chantent individuellement la touchante œuvre. Résultat, fragile, certes; pas facile de chanter en chœur, chacun de son bord. Mais chanté en chœur et en personne, c’est d’une beauté transcendante.

O salutaris hostia et Only in sleep – Ēriks Ešenvalds

Parlant de beauté transcendante, O salutaris hostia est une de ces pièces qui fait à la fois lever le poil et fuser les larmes. Impossible de rester insensible devant les envolées des deux sopranis. Pour les geeks choraux, vous remarquerez dans la vidéo à l’extrême gauche de la première rangée de la section de droite Jonathan Pacey, l’ex-basse de Voces 8 (il a quitté l’octuor à la fin 2022, sniff…), en version jeune homme. En deuxième service, on vous offre la nostalgique évocation des amitiés d’enfance de Only in sleep. Ešenvalds est un sculpteur d’émotion. Sa matière, les notes.

  

Ubi caritas – Paul Mealor

Parmi les oeuvres chorales néoclassiques que nous allons interpréter, un petit bijou composé par Paul Mealor expressément pour le mariage du prince William et de Catherine Middleton. Quel beau cadeau de noces. Digne d’un roi, oups d’un prince!

 

O vos omnes – Pablo Casals

Oui, oui. Pablo Casals, le violoncelliste qui a fait découvrir à la planète les Suites pour violoncelle seul de Bach, œuvre qui avait disparu sans laisser de traces, jusqu’à ce que le jeune Pablo la découvre, cachée dans un magasin de partitions musicales en Espagne. Bon, techniquement, ce n’est pas un compositeur vivant, mais dans mon livre à moi, senor Casals est éternel. Et son O vos omnes est probablement une des plus belles pièces chorales ever. Le mi bémol haut perché des barytons dans le Attendite est passé de mon pire ennemi la première fois que je l’ai chanté avec Caroline Simard (pour son récital examen de maitrise en direction chorale de l’Université de Sherbrooke) à mon meilleur pote. Quel plaisir de le voir arriver. Quelle joie de hurler sa joie de le revoir se pointer. Quel exutoire!

Fa que c’est ça qui est ça. Beau en titi, non? Un concert tout en intimité et en contemplation, porté par le violon de Julie Triquet et le piano de Lorraine Gariépy qui agit aussi comme soliste soprano. À ne pas manquer pour savourer ces magnifiques oeuvres chorales néoclassiques.

 

Méditations chorales

Oeuvres chorales néoclassiques

Grand choeur de Montréal

Le 29 avril 2023 à l’église Saint-Pierre Apôtre de Montréal

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