Défi choral recherché
Comme tous les choristes, j’ai tenté tant bien que mal de me trouver un petit défi choral pendant la COVID. J’ai essayé les répétitions sur Zoom. J’ai participé à un petit montage choral vidéo à partir de clips tournés individuellement chez soi. À chaque déconfinement partiel, j’ai profité de l’occasion pour tenter de rechanter, même masqué, bien vacciné, les mains bien alcoolisées.
Et pendant ce temps-là, je me suis tapé over and over le même répertoire pendant deux ans (X2, je chantais alors dans deux choeurs), au point où des pièces que j’adorais ont fini par me tomber sur la nénette. Pu capable. Donnez-moi de nouvelles pièces à apprendre! Donnez-moi un nouveau défi choral!
Je me suis pris au mot. J’ai plongé tête perdue dans une enfilade de défis choraux qui se poursuivent encore aujourd’hui.
Défi choral numéro 1
Alors que j’étais dangereusement en manque choral pendant la covid, je vois passer sur mon fil Facedebouc l’appel à l’aide d’un étudiant à la maitrise en direction chorale de l’Université de Sherbrooke, Rémi St-Jacques au début de 2021.
Après avoir entamé les répétitions de son programme de récital-examen avec son chœur-témoin, Rémi vit lui aussi la grande pause covidienne. Tout s’arrête. Puis, alors qu’on rouvre tranquillement les portes, il se retrouve avec un chœur réduit; des choristes ne peuvent plus ou ils ne sont pas chauds à l’idée de recommencer à chanter alors que la covid sévit encore. Peu importe, Rémi a perdu des voix et il utilise la sienne pour lancer un SOS sur les médias sociaux.
Comme je commence à connaitre le répertoire de mes deux chœurs, je vois ça comme une occasion en or de plonger dans du nouveau matériel. Le hic? Les tounes ne sont pas faciles. L’autre hic? Alors que la plupart des choristes avaient attaqué le matériel avant la pandémie, je me retrouve à devoir l’apprendre from scratch en deux mois. Alors qu’avec mes chœurs, on avait l’année au complet pour apprendre notre matériel.
Toflok, je plonge. Allègrement. Je décortique mes partitions. Je trouve en ligne des trames pour certaines pièces. Pour d’autres, je me fie à des enregistrements complets. Pour le reste, je sors mon piano.
Premières répétitions, je souffre. Je ne suis manifestement pas au niveau des autres. Déjà qu’en majorité, les autres choristes sont déjà pas mal plus expérimentés que moi (caltare, je chante basse avec Martin Dagenais!), c’est clair que je suis plus du bord du « y en aura pas de facile » que du « ça va ben aller ».
Mais je persiste. Je travaille d’arrache-pied. J’écoute le matériel en boucle le soir au lit. Le matin, je lis mes partitions en bouffant mes toasts au beurre de pinote. Le midi, je pianote. Après le travail, je chante. (à cet effet, je vous invite à lire ce billet sur l’art d’apprendre une pièce chorale en accéléré).
Éventuellement, je rejoins le peloton et en novembre 2021, je me retrouve au récital fin prêt. Au programme : Spätherbst de Brahms, La, la, la, je ne l’ose dire de Certon, Abendfeier in Venedig de Schumann, Kyrie Missa pange lingua de Desprez, Cantique de Jean Racine de Fauré, And the glory of the lord de Händel, Dirait-on de Lauridsen, Vita Arboris de Rémi St-Jacques (composé par notre aspirant chef!) et I shall not live in vain de Swartz.
J’en ressors vidé, mais crinqué. Solidement crinqué.
J’en veux encore.
Défi choral numéro 2
Au point où je replonge dans un autre chœur-témoin d’une autre étudiante à la maitrise, Caroline Simard. Même contexte : pratiques court-circuitées par la pandémie, perte de choristes plus un quatre mois pour apprendre le matériel qui deviendra dans les faits un deux mois et demi, reconfinement oblige, et cerise sur le sunday, 16 choristes infectés sur 24 à 3-4 semaines du récital.
Même travail de forcené. J’en profite pour tester des outils, dont une app qui « chante » les pdf; on peut isoler sa ligne, pratique quand il n’y a pas de trames (ni de temps!).
Récital masqué émouvant en avril 2022. J’ai encore les poumons en feu de la covid, mais j’ai réussi à apprendre le matériel du programme à temps : Bonjour mon cœur de Lassus et celui d’Ingari, O vos omnes de Casals, Eia mater de Dvorak, Domine Deus et Laudamus te de Poulenc, Gott im ungewitter de Schubert, Hear my prayer de Purcell, I love my love de Holst et Sing joyfully de Byrd.
À nouveau, je me tape un ti vide après ce trop-plein, mais pas pour longtemps.
Défi choral numéro 3
Deux semaines après le récital, Martin Dagenais me demande si je peux venir appuyer sa joyeuse troupe de choristes du Chœur classique La Prairie. Au menu : A gaelic blessing, The lord bless you and keep you, Open thou mine eyes, For the beauty of the earth, A Ukrainian prayer et le Gloria de Rutter, Cantate pour une joie de Mercure. Le show est… dans deux mois.
En parallèle, les répétitions en vue du spectacle des Enchanteurs et du chœur Enharmonique ont repris. Au menu dans le premier cas : Medley Beatles, Ça se danse, Saisir le jour, Seven bridges road, Ella, elle l’a, Holding out for a hero, Medley historique, Ain’t no mountain, C’est ça le jazz, Trop loin l’Irlande, Medley Fugain, Take me to the water, Ta fête, Sing, Aimons-nous, D’la bière au ciel.
Au programme avec le second chœur : Lasciate i monti et Vieni Imeneo, eh vieni (L’Orfeo, Monteverdi), Ah! dans ce bois tranquille, Quel est l’audacieux, Viens dans ce séjour paisible (Orphé et Reurydice, Gluck), Chœur des bergers, entrée du conseil municipal et Gloire à Jupiter (Orphée aux enfers, Offenbach), Let none despair, Jealousy, infernal pest (Hercules, Handel), Godiam la pace, Nettuno s’onori, Placido è il mare, adniamo, O vote tremendo, Scende Amor, scende Imeneo (Idoemeneo, Mozart), To the hills and the vales, In our deep vaulted cell, Destruction’s our delight, With drooping wings (Dido and Aeneas, Purcell) et Labst das Herz, ihr holden Saiten (Bach).
Tiens donc, je me rends compte que dans ce matériel qu’on trainait depuis deux ans, y a des pièces où je suis moins solide… le confinement fait oublier. Je me retrouve donc à devoir attaquer de front tout ce beau matériel et livrer successivement trois spectacles en un mois.
Défis choraux numéro 4-5-6-7-8
Pendant l’été 2022, j’en profite pour apprendre le magnifique matériel des funérailles du papa de la cheffe choriste et pianiste Lorraine Gariépy : 1492 de Vangelis, Je ferai un jardin, Je reviens chez nous, Verbe de Dieu, Il restera de toi, Halleluja de Cohen, Sanctus de Fauré, Christ est venu, Notre Père (Messe québécoise), Agneau de Dieu, Cantique de Jean Racine de Fauré et Sogno di volare de Tin.
J’ai également fait également partie du chœur-témoin du programme court de formation de chef de chœur de l’Alliance chorale où nous chanterons L’amour de Moy, Ne m’oublie pas, Tu peux pleurer Pierrot.
Excessif le choriste? C’est ce qu’est exclamé en riant le chef Frédéric Vogel alors qu’en audition, je lui résumais ma dernière année. Et ce n’est pas tout.
Car en plus de chanter avec son chœur Carpe Diem jusqu’en novembre pour son spectacle d’avant-après covid qui comprendra le Requiem de Mozart (auquel je m’étais attaqué en solo cet été) et plusieurs pièces du Messie de Händel (And the Glory of the God, Glory to God in the Highest, Behold the lamb of God, Surely he hat borne our griefs, All we, like sheeps, have gone astray, Lift up your heads, Since by man came death, Worthy is the lamb et Hallelujah!).
Je vais également chanter avec le chœur Classique La Prairie (Gloria de Puccini en décembre) et dans quelques concerts de Noël dont celui du chœur Les Troubadours de Noël de Lasalle, celui du choeur enHarmonique et, je l’espère, à la messe de minuit de 18h de la Maison du père, arrêtée depuis la COVID.
Démarrerons aussi cet automne les répétitions avec le chœur Les Voix des Moulins, en vue de son récital de Pâques (Les sept paroles du Christ de Dubois et le Requiem de Fauré) et celles du chœur-témoin de Jean-Michel Lemire dont le récital-examen de maitrise en direction chorale est prévu au printemps 2023 : Il est bel et bon de Passereau, He trusted in god that he would deliver him de Händel, le Kyrie du Gloria de Puccini, Swansea town de Holst, Die mit tränen säen werden de Schutz, Zigeunerleben de Schumann, Earth song de Ticheli, le premier mouvement du Stabat Mater de Poulenc, Ces deux yeux bruns, doux flambeaux de ma vie de de Bertrand, The frost myth de Gimon et Northern Lights de Gjeilo.
Et j’ai déjà d’autres projets pour le printemps 2023, dont celui d’apprendre en parallèle de tout ça le programme du choeur enHarmonique 2022-2023 et de faire une autre saison avec le choeur classique La Prairie pour pouvoir toucher au sublime Requiem de Dan Forrest.
Cette longue liste n’est pas pour me péter les bretelles, même si je dois vous avouer que je suis très fier (étourdi?) du travail accompli et déjà fort excité à l’idée des nouveaux défis qui s’entament. Non, c’est juste pour prouver qu’on peut apprendre beaucoup de matériel en peu de temps, si on s’applique, si on se donne les bons outils, si on travaille fort (et si on y consacre une bonne partie de son temps libre!). Je dirais que dans mon cas, les courts échéanciers m’aident. Pas le temps de procrastiner comme quand on a un an pour apprendre le matériel. Avec des délais si courts, chaque heure compte. Comme en pub où je travaille depuis plus de 30 ans.
Et n’allez pas croire non plus que c’est parce que je suis un choriste aguerri. Loin de là. J’ai commencé à chanter en 2017 seulement. Mais je me rends compte que mes trois ans d’orgue populaire étant gamin m’ont aidé. Ça et les trucs d’apprentissage que j’ai glâné ici et là.
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