Au cours des dernières semaines, ce fut l’hécatombe virtuelle. Comme des lemmings sur l’acide, une flopée d’annonceurs se sont littéralement suicidés devant nous, l’un après l’autre. Où ça ? Dans notre boite de courriel.

Le grand coupable, la loi canadienne antipourriel. Ou plutôt, le manque de compréhension de l’incroyable opportunité marketing qui se cachait derrière l’obligation pour toute entité commerciale de valider leur liste d’envoi auprès de ceux qui n’avaient pas opt-inés, comme on dit dans le métier.

Sur les dizaines et dizaines de courriels de la dernière chance que j’ai reçus, un seul a su créer un lien émotionnel avec moi. Un courrie qui réussit à faire sourire, c’est rare, non?  Encore plus quand il s’agit de demander à l’abonné de s’abonner officiellement au bulletin d’un site dont on se souvient plus ou moins. Dans ce cas, non seulement, ils ont su me faire sourire, mais c’était si bien écrit que ça m’a donné le goût de valider mon inscription. Et au bout du processus, même la page de confirmation d’abonnement était savoureuse. Bravo pour l’effort! Mais surtout pour la compréhension de ce que vous faisiez les amis.

Comment comprendre que littéralement tout le monde soit passé à côté de la track? À savoir, profiter de la dernière occasion pour qu’un abonné involontaire devienne volontaire. De fait, la majorité des SOS que j’ai reçu étaient tous nombriliques. Personne n’a pensé à m’indiquer ce que je recevrais si je disais oui. Personne n’a même pensé à se présenter, à me laisser savoir et sentir quelle était la marque derrière cette demande désespérée. Que nenni !  Juste des messages drabes, probablement écrits par l’avocat ou le programmeur.  Pas un — oups!, pas vrai, au moins un — un seul courriel qui avait une certaine attitude, où je pouvais connecter avec une marque et non pas une ligne de code.

Quelques hypothèses :

Une simple formalité légale
Provenant directement du contentieux ou du service juridique, personne du marketing n’a été impliqué. Inquiétant toutefois de voir que personne du marketing n’a su pressentir le risque/l’opportunité d’une telle offensive.

Ils vont être tellement contents!
Un peu comme sur Facebook ou Twitter, parfois on finit par réellement croire que tous ces fans, adeptes, abonnés sont fous malades de nous.  De leur écrire pour leur donner l’immense joie de pouvoir continuer à nous suivre n’était donc pas un défi.  Pourquoi se donner du trouble?

On sera les seuls à leur écrire
Tout le monde s’est réveillé à la dernière minute. Ils nous ont tous bombardés à la dernière heure avec leurs merdes virtuelles, pensant probablement qu’ils seraient les seuls à agir ainsi. Wrong.

Dans le fond, on s’en fout
À voir l’insipidité, l’impertinence, l’inutilité, le narcissisme de la majorité des bulletins à laquelle je suis abonné — et je suis abonné à des centaines de bulletins, profession oblige —, j’ai fini par me résoudre à développer une théorie sur cette plateforme. Dans le fond, on veut juste des adresses courriel où l’on peut envoyer virtuellement des circulaires insipides avec du contenu nul.   La loi des nombres faisant en sorte qu’il y aura toujours un crétin pour cliquer sur un lien, ou une crétine qui aura un besoin immédiat de pantoufles roses fluffy à talons hauts pour rassurer l’entreprise. Notre bulletin marche. Wrong again. Vous ne venez que me confirmer semaine après semaine l’écart grandissant entre vous et moi. Triste, non.

Cette vague de la dernière chance ne fait que démontrer l’incompréhension crasse des marketeux en ligne face à ce formidable outil qui devrait — bien utilisé — permettre de rapprocher intimement une marque et un consommateur. Et maximiser la pertinence de la relation grâce à l’intelligence acquise du comportement de notre consommateur, et d’autres consommateurs au comportement similaire.

La bonne nouvelle, c’est que collectivement, on a tous participé à notre corps défendant à un immense exercice d’élimination naturelle de tous ces zozos, sans même lever le petit doigt. Même pas besoin d’opter-out, cette fois-ci, le silence tuait.
C’est Darwin qui aurait été fasciné d’étudier tous ces marketeux en ligne, surtout l’auteur de ce courriel où l’entreprise me menaçait presque en m’informant que c’était ma dernière chance de rester en contact avec eux. Hmmmm…, techniquement c’était plutôt leur dernière chance à eux. Sorry, vous l’avez raté. Adieu sweepstakes et chances hebdomadaires de devenir millionnaires…