C’est pas d’hier. L’utilisation d’un client comme agent de propagation commerciale remonte à aussi loin que le plus vieux métier du monde. La première chaude-pisse aussi, d’ailleurs…

J’ai déjà abordé le sujet, mais revenons-y sous un autre angle. Que se passe-t-il quand on est soi-même le but et l’agent de propagation? Aujourd’hui, avec nos millions de « zamis » sur Faceboook, Twitter, LinkedIn, MySpace et al, rien de plus facile que d’envoyer un message à tous pour les inviter à nous supporter (lire endurer) dans tel ou tel concours. Pourquoi en effet se donner la peine de cherry-picker les amis quand on a un gros bouton qui nous permet de propager la bonne nouvelle à tous instantanément? Et tant pis si comme dommage collatéral vous perdez quelques amis irrités par cette promo-réalité qui démontre vos talents. Allez voir votre boite à courriel, vous avez justemement 12 nouveaux followers Twitter depuis les cinq dernières minutes. Yé! De la nouvelle viande sociale à spammer!

Au U.K., 31% des gens actifs sur les réseaux sociaux se disent affectés par le spam social. Mais ce qui est surtout inquiétant, c’est qu’alors que les spams étaient auparavant générés par des entreprises anonymes sans scrupules, la majorité du spam qu’on se fait servir sur les réseaux sociaux provient de nos propres « amis », ou comme je les appelle plutôt, nos « spamis ».

Illusionnés par les dénominations d’amis, de followers ou de neighbours, insouciants des canaux utilisés (il existe une différence entre un envoi de masse sur facebook et un post sur le feed général, comme il existe une différence entre un post sur twitter et un post sur facebook, et une grande méconnaissance de la race humaine quand on pluri-poste sur tous les canaux en même temps), l’homo résosociabilus contamine de plus en plus ses pairs, sans s’en inquiéter, sans s’en faire. Mais surtout sans le savoir.

Comme le dit Marketess, le spam social prend sa source dans l’envoi de masse, anonyme. Un truc que l’on envoie directement à une personne ou un truc qu’on mass-message, ça n’a pas la même signification. Dans la masse, le message se déshumanise, ça devient une petite agression de son territoire. Alors que dans un message direct, y a quelqu’un au bout, faut donc assumer.

Si vous m’écrivez directement, je répondrai probablement. Si vous me massécrivez, y a des chances pour que je vous bloque, surtout si je ne vous trouve pas pertinent. Et si vous récidivez à une fréquence exagérée, là y a de très très fortes chances que je vous retire de ma liste de zamis.

Le plus ironique, c’est qu’on est tous le spami de quelqu’un d’autre. À partir du moment qu’on prend le micro dans un groupe, c’est sûr qu’on embête quelqu’un. Surtout si dans le fond, un petit message sussuré à son voisin de table aurait suffit. Ah, pauvres petites bêtes sociales que nous sommes ;-)