*Procurez-vous ce livre et plusieurs autres à ma boutique marketing numérique.*

Que se passe-t-il lorsque l’on se met à considérer le ouèbe non plus simplement comme un nouveau média (sic), mais comme un réseau de conversations multiples à l’échelle planétaire?

La question ne date pas d’hier, et tout comme vous, je commence à en avoir à ras les baskets d’entendre continuellement parler de la sordite conversation (resic!). D’ailleurs, lorsque l’on s’y arrête un moment, on constatera que sur les blogues traitant de la chose interactive, la majorité des conversations (comme celle-ci!) sont à propos des conversations elle-même. Youppie, on a enfin inventer LA conversation sans fin, celle qui se nourrit de ses propres phrases pour en recracher de nouvelles, avec les mêmes mots, mais dans un ordre différent. Et ainsi de suite.

Toutefois. Reculons huit ans en arrière et revenons sur la question posée dans le premier paragraphe. Lorsque Rick Levine, Christopher Locke, Doc Searls et David Weinberger ont publié leur pamphlet The Cluetrain Manifesto, la bulle ouèbe n’avait pas encore éclatée. À cette époque – car en années ouèbes, on est effectivement en droit de parler du début du siècle comme d’une époque – l’autoroute de l’information (sick) était uniquement perçue comme un nouveau moyen d’accumuler encore plus d’eyeballs, bref de témoindejéovaiser son offre.

Arrivent les boys du cluetrain. Pour eux, un marché, c’est pas juste un gros contenant d’eyeballs, mais d’abord et avant tout une conversation. Plusieurs conversations en fait. Comme à l’époque des marchés publics où les vendeurs haranguaient la foule, où les étals regorgeaient de produits divers qu’on pouvait tâter, soupeser, sentir, toucher et négocier. Bref, comme à l’époque où la mise-en-marché impliquait une communication bidirectionnelle.

Mais un jour, je me rappelle plus trop lequel, mais sûrement qu’il mouillait, vint la révolution industrielle, puis suite logique à la chose, la communication de masse où le 30 secondes permettait enfin de rejoindre des millions et des millions d’yeux dans le vinaigre, dans une rassurante communication unilatérale b2p. Ouais, dans les chaumières ou au parc, on pouvait échanger avec madame fionfion sur les vertus de ce nouveau savon qui lavait plus blanc les bas blancs, mais la portée de notre point-de-vue s’arrêtait généralement là. Dans le meilleur des cas, nos propos pouvaient peut-être se rendre jusqu’au bingo paroissial, mais pas ben ben plus loin.

Puis le ouèbe. Et ses forums. Et ses chats. Et ses blogues. Du jour au lendemain, et au hasard (ou non) de nos recherches googliennes, des milliers de marchés publics virtuels se déployaient désormais devant nous, d’une façon tout-à-fait unique et personnelle, selon nos balades virtuelles, nos signets, les hyperliens qui se placaient sous notre chemin. Et surtout, chacun avait maintenant une voix qui porte. Une voix authentique, pas forcément gage de sagesse (hmmm pas facile à dire ça), mais certainement témoin d’un besoin fondamental de dire. De partager. De questionner. De sentir, toucher, soupeser, tâter, questionner. Bref, d’être. L’eyeball pouvait enfin s’ouvrir la gueule!

Quand le paradoxe devient paradigme, comme le dit Locke, il est temps de s’ouvrir à la mouvance et de tendre l’oreille – et la main! – plutôt que de chercher à poker encore et toujours des eyeballs. Parce que si on ne fait pas gaffe, y a un cluetrain qui va nous rentrer dedans, j’vous en passe un manifesto.

Si vous ne l’avez pas encore fait, allez le lire. C’est fondamental.

10/10