Je l’sais. J’suis tannant ces jours-ci avec mes billets de concert à vendre. Mais savez-vous pourquoi il est important d’appuyer les arts amateurs, cette année plus que jamais?
On le sait, on en a parlé en masse. La culture a écopé solide de la covid. Les salles ont fermé, des artistes ont dû recycler leurs activités pour subsister (je connais un musicien professionnel qui est devenu surveillant d’école – pas que ce métier soit bas, mais ça témoigne bien de l’horizontalité de la flexibilité forcée et de l’ingéniosité de nos semeurs de rêves).
La grande culture en a mangé une solide certes, mais la petite a mangé une clisse de claque sur le clapet elle aussi. Les choeurs amateurs n’ont pas été épargnés. Je chante dans plusieurs choeurs, je suis vice-président de la Fondation choral Québec, et j’ai pu voir l’impact négatif de la pandémie, tant sur les choristes que sur les organisations qui les rassemblent.
Et je ne parle pas que d’infection virale.
Les (més)aventures du choriste masqué
Car outre le fait d’avoir stopper les répétitions et l’apprentissage d’oeuvres musicales diverses, la pandémie a mis sur pause un pan très important de la vie des 3,5 millions de choristes à travers le Canada. L’interdiction aux choeurs de battre a créé de l’isolement social. Plusieurs personnes ont été durement affectées d’être privées de leur activité socioculturelle hebdomadaire. Des gens ont quitté les choeurs (les reverra-t-on revenir?), pendant que de braves CA ont dû jongler avec des règles sanitaires continuellement changeantes pour trouver des façons créatives de continuer à faire chanter ensemble tout ce beau monde, autrement. Believe me, rien de plus weird mais de rassurément humain que de chanter ensemble en Zoom sur mute (because les délais qui font qu’il est impossible de battre la mesure ensemble) et de voir un chef de choeur qui te félicite, même s’il ne t’entend pas. Si c’est pas ça de la résilience.
Au-delà de permettre une joyeuse plongée dans l’art et la culture, une des particularités de ce que j’appelle les arts sociaux (chorales, troupes de danse ou de théatre, orchestres amateurs) est de réunir des gens qui a priori ne se seraient jamais rencontrés autrement. Des jeunes et des plus vieux. Des éduqués académiques et des savants de la rue. Des filles et des gars. Des blancs, des noirs, des gris (les 50 tons!) et des bigarrés. L’inclusivité et la diversité maintenant si chères aux entreprises, fait longtemps en titi que les arts sociaux connaissent ça.
Dans un choeur, on devient une seule voix qui rassemble tous les accents, tous les vécus, toutes les émotions des membres qui le composent. Ce qui sort de nos gorges, ce ne sont pas que des notes écrites voilà 300 ans par des perruqués poudrés célèbres, ce sont nos réalités respectives, nos espoirs, notre bonheur d’être en vie, d’être ensemble, dans la paix, l’écoute active et la participation. Quand vous achetez un billet d’un récital de choeur, c’est d’abord ça que vous acheter. Vous vous payez l’expression généreuse d’une nuée de petits bonheurs d’occasion. Et surtout, vous assurez à votre hauteur la pérennité de ces centaines de chorales actives partout au Québec.
Une chorale amateure, ça roule déjà pas sur l’or. Depuis les deux dernières années, les tiroirs sont carrément à sec. Cette année, je constate que les choeurs qui produisent des spectacles ne le font pas tant pour se payer le plaisir de monter sur une scène et de se faire aller joyeusement la glotte sous les spots, même si oui, mais pour survivre…
Des billets de concert pour la suite des choses
Cette année, acheter un billet de concert ou d’un récital, c’est l’équivalent X 1000 de la barre de chocolat que vous achetez au jeune étudiant pour l’encourager. En moins engraissant, même si aussi sweet. C’est un vote de confiance à ces milliers de beaux êtres humains et leur dire de continuer à embellir notre monde de jolies notes, aussi croches, noires ou blanches soient-elles. Pi parce qu’on a aussi un peu beaucoup énormément besoin de beauté et de douceur en ces temps inquiétants, non?
Avant même de chanter dans des chorales, j’étais impressionné par l’énergie qui se dégageait de ce joyeux rassemblement improbable de poumons divers. Je me souviens des récitals annuels de mon chum Steph, voilà une trentaine d’années. C’est vrai. Les notes n’étaient pas toujours tights. Les rythmes pas toujours précis. Mais ces petits écarts de lèse-portée étaient largement compensés par la contagieuse joie des choristes, et surtout par cette impressionnante onde d’énergie qui venait nous frapper en plein plexus, comme un puissant tsunami d’amour humain. Un choeur qui chante un accord final de malade en fortissimo, ça fesse dans le dash. Pas un poil qui ne demeure insensible. Pensez à la force du gospel, vous comprendrez ce que je veux dire.
Fa que si vous voyez passer un post qui vous invite à acheter un billet, svp voyez pas ça comme une dépense inutile. C’est à la fois un investissement culturel et social, une gentille tape sur l’épaule, un appel au câlin musical et un beau récital de monde en chair et en os (si vous pensiez que j’allais dire présentiel…) qui sème l’amour et invite les choristes à tirer fièrement la langue à la vilaine covid, à la guerre, à tout ce qui mérite d’être embellit et humanisé.
Croyez-moi, après vous être empiffré de séries Netflix en linge mou sur votre sofa pendant deux ans, vous aller apprécier cette petite bouffée d’air frais. Vous allez apprécier ce joyeux déconfinement culturel. Vous allez passer un bon moment.
Je vous le jure.
Faites le test.
À la sortie du spectacle, si vous ne voyez pas sourire les spectateurs et les choristes, ça sera seulement parce qu’ils sont masqués, si on en est encore là. Mais regardez leurs yeux. Vous verrez qu’ils brilleront de tout ce que la musique nous apporte inconditionnellement depuis la nuit des temps.
C’est ce à quoi vous donne accès votre p’tit ticket à 25$ ou 30$. Pas cher, non?
Fa qu’on fait quoi?
De mon coté, je vous invite bien entendu à venir écouter l’un des choeurs avec lesquels je chante présentement :
Y a le Choeur enharmonique de Montréal où nous chanterons le https://bit.ly/3EfG8lr et le https://bit.ly/3rkkd79.
Y a le Concert Gloire et Joie du Choeur classique de La Prairie où nous chanterons le https://bit.ly/3xPDbGT.
Et enfin, y a l’Ensemble Vocal Les Enchanteurs où nous chanterons (gratuitement toé!) au cours des célébrations du 350e de l’île Perrot à l’église de Ste-Rose-de-lima le 5 juin. Les détails devraient être publiés ici un de ces quatres : https://bit.ly/3vCLPWp.
Et y en a une trallée d’autres dont vous pourrez trouver les dates sur le site de Alliance chorale du Québec.
Allez, payez-vous une heure et demie de pur plaisir. Vous verrez, ça vous fera du bien. Et qui sait, peut-être cela vous donnera-t-il la piqûre? Car une dernière chose à retenir, c’est qu’à mon avis, le chant choral est probablement le plus démocratiques des arts amateurs. Ultimement, ça prend juste une bouche, deux oreilles, un c(h)oeur pi de la pratique. Vous m’en reparlerez quand vous pognerez votre premier frisson choral
Aux choristes qui auront lu ce long plaidoyer jusqu’au bout, je vous invite à ajouter en commentaires les liens vers vos propres événements et aussi à le partager. Si ça peut vendre un billet de plus, j’aurai accompli quelque chose en ce petit dimanche matin
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