Communications chorales : optimiser ses actions en ligne

Depuis l’arrivée des médias sociaux, chaque année voit naitre son nouveau chouchou social. Chaque fois, mes clients voulaient y être. J’avais beau leur expliquer le manque de liens entre leur clientèle et l’audience de la plateforme, c’est comme si je parlais à ma souris. Ça cliquait pas. Idem pour les communications chorales. Combien de fois ai-je vu un chœur annoncer fièrement qu’il était maintenant sur Instagram ou sur Toc Toc (sic, mais véridique, j’ai vu ça!) pour constater qu’au fond, ils ne faisaient que republier le même mauzusse de contenu sur toutes leurs plateformes, sans tenir compte de leurs particularités respectives.

L’efficacité dans le numérique, c’est un peu comme cette histoire de culture et de confiture. Plus tu t’étends, moins t’en as. Alors plutôt que de chercher à être partout, et donc nulle part, pourquoi ne pas vous affairer à bien travailler une seule plateforme? Puis selon vos objectifs – parce que ça en prend, j’y reviens dans 7 paragraphes –, en développer 2-3 autres?

Voici quelques élucubrations toutes personnelles sur l’écosystème idéal du chœur qui souhaite battre au grand jour sur le ouèbe.

Le site Web : le cœur numérique de vos communications chorales

Dans un monde idéal, votre plateforme principale devrait être votre site ouèbe, et non pas Facebook, comme c’est trop souvent le cas. Plusieurs raisons soutiennent cette affirmation : le référencement organique (votre visibilité aux « yeux » de Google); l’ouverture sur le monde en ligne (alors que les médias sociaux fonctionnent généralement en jardins clos et se connectent mal entre eux, chacun voulant garder pour soi son audience $); la flexibilité au niveau du contenu (son organisation, sa variété, la possibilité de créer des liens entre eux, l’intégration de contenu en provenance de plateformes externes).

Bien travaillé, votre site est votre meilleur ami en ligne pour refléter l’essence, la saveur, la couleur de votre ensemble vocal, ou comme on dit en marketing, votre image de marque (car c’est bien de ça qu’il s’agit au fond).

Quelques conseils :

  • Avant même de le construire, pensez à sa raison d’être. Éliminez le superflu, concentrez-vous sur l’essentiel.
  • Il existe tout plein de plateformes et de gabarits qui permettent de créer un site soi-même.
  • Organisez votre contenu. Assurez-vous de mettre en évidence le contenu le plus important. Attention toutefois, lorsque l’on met tout en évidence, plus rien ne l’est ;)
  • Privilégiez les mots qui reflètent votre raison d’être et le type de musique que vous chantez. Ça permettra à Google de mieux comprendre qui vous êtes et de vous connecter aux personnes qui ont des intérêts semblables aux vôtres.
  • Faites-le vivre. Créez régulièrement du contenu. Au moyen de liens, associez ce contenu à d’autres contenus pertinent de votre site, ou ailleurs sur le ouèbe. C’est utile pour la personne qui visite votre site et pour vous, c’est une excellente façon d’aider Google à vous repérer et à vous référer.
  • La plupart des plateformes de sites web comprennent un module de blogue. Profitez-en pour y publier vos nouvelles, partager vos coups de choeur et raconter ce qui vous anime. Du beau matériel à propulser sur vos autres plateformes, particulièrement sur Facebook. Pourquoi vouloir à tout prix créer du contenu sur FB et se priver ainsi du trafic sur votre propre site? Vous êtes locataires sur Facebook, alors que votre site vous appartient.

Types de contenu :

  • Honnêtement, pas mal tout. Contenu écrit, photos, vidéos (il est très facile d’intégrer une vidéo YouTube sur son propre site), témoignages, extraits de spectacles ou de répétitions (ça m’étonne de voir les chœurs miser si peu sur ce moment privilégié qui permet de prendre le pouls d’un chœur), notes sur les pièces musicales interprétées. Bio des pros, oui, mais pourquoi pas celles des choristes? L’idée de base, c’est qu’avec tout ce beau contenu, on veut créer une proximité émotionnelle entre la personne qui visite le site et le chœur. C’est ce que j’appelle le Cheers factor, clin d’œil à ce sitcom américain des années 80 où toute la clientèle du bar vedette saluait en chœur d’un savoureux « Norm! » un des personnages principaux, chaque fois qu’il en franchissait les portes. Vos gensses doivent se sentir chez eux sur votre site comme Norm se sentait chez lui au Cheers!

Facebook : votre média social de base

Facebook n’est plus ce qu’il était diront les nostalgiques. C’est vrai. Mais qu’on aime ou pas, la plateforme demeure encore très populaire auprès d’un large segment de la clientèle québécoise, et donc des choristes, actuels ou wannabes. Le problème que j’y constate toutefois, c’est sa sous-utilisation par les chœurs qui y sont présents.

Typiquement, les chœurs ne s’y activent qu’aux moments qui leur importent : en août pour le recrutement, en décembre et en mai pour vendre les billets de concert. Pourquoi se limiter à cette saisonnalité? Pourquoi ne pas s’efforcer d’engager la conversation l’année durant? Loin des yeux, loin du chœur…

Quelques conseils :

  • Soyez inclusifs. Trouvez un angle dans votre contenu qui fera en sorte que la personne qui le lit y trouve son propre compte.
  • Montrez votre monde! Un chœur, c’est plus qu’un logo ou une affiche. C’est un groupe de personnes, différentes, mais qui ensemble créent du beau. Votre unique but : la personne qui visite votre page doit avoir le goût de faire partie de votre joyeuse bande.
  • Variez le type de contenu. Oui, votre affiche de spectacle est belle – surtout si vous avez suivi mes conseils dans l’article « Votre chœur à l’affiche » paru dans le numéro de juin de CHANTER –, mais il est très utile de varier la sauce : citation, portrait de la cheffe, extrait vidéo de votre intensive, extrait audio de votre réchauffement, présentation d’une choriste ou de l’auteur d’une œuvre, photo souvenir, tout est possible! Et hautement souhaitable.
  • Interagissez avec votre public. Les médias sociaux ont été créés et adoptés parce qu’ils facilitaient les échanges. Même si la portée organique sur Facebook n’est plus ce qu’elle était, la bonne vieille règle demeure : plus vous interagissez, plus vous augmentez votre visibilité. Posez des questions, réagissez et répondez aux commentaires, pointez les gens vers du contenu pertinent sur votre site.
  • Pensez aussi à vos choristes. Leur rappeler de partager le contenu que vous publiez, c’est bien. Créer du contenu à leur intention (qu’ils partageront spontanément cette fois!), c’est mieux. Ces belles personnes représentent votre ensemble vocal. Aidez-les à répandre la bonne nouvelle auprès de leurs pairs (vos futurs spectateurs et futurs choristes).
  • Vous avez un groupe privé? Doit-il vraiment l’être? Pourquoi ne pas permettre aux personnes qui s’intéressent à votre ensemble de suivre votre progression? C’est très efficace. Je me suis déjà joint à un chœur parce qu’à force d’avoir de ses nouvelles via leur groupe (pas si) privé, j’ai eu le goût de chanter avec eux une saison. Katching! 160 $ de plus dans la caisse + la valeur des 8 billets pour trainer mon clan au concert.
  • Planifiez votre contenu. Je mets ce point en fin de liste, mais c’est possiblement le plus important. Établissez à l’avance vos objectifs et créez un calendrier de publication qui vous permettra de publier le bon contenu au bon moment. C’est un outil fameux qui vous obligera à maintenir la conversation avec votre audience d’une façon régulière et surtout pertinente.

« Derrière ce nombril, n’y a-t-il pas assez de guts pour parler avec audace? 6 pouces plus haut, ils pourraient parler avec tout leur cœur! 4 pouces plus bas avec toute leur passion! »

 – Normand Miron, Les sites nombriliques

Le courriel : pour donner de vos nouvelles et maintenir les liens

On sous-estime trop le pouvoir du bon vieux courriel. Trop souvent, on le réserve aux communications internes. C’est pourtant un moyen très efficace de garder le contact avec vos fans, spectateurs, anciens choristes, etc. Les ajouter à votre liste de distribution ne coûte pas plus cher, mais pourrait vous rapporter drôlement plus!

Quelques conseils :

  • N’attendez pas d’avoir 21 nouvelles avant d’envoyer un courriel. La régularité, c’est pas juste une question de céréales de blé entier.
  • Visez une fréquence régulière. Écrire aux gens uniquement quand c’est le temps de vendre des billets n’est pas forcément la meilleure formule. Visez au moins 2 envois à l’automne, 3 au printemps et tant qu’à faire, pensez donc à en faire 1 durant l’été aussi.
  • Oui, vous pouvez utiliser un des nombreux outils de création de newsletter, mais un bon vieux email fera très bien l’affaire; au final, c’est le contenu qui compte.

YouTube : pour animer votre musique et vous faire briller au grand jour

Notre cher Yvon national le disait : on veut pas le savoir, on veut le voir! Alors que les caméras des téléphones intelligents sont de plus en plus perfectionnées, il est dommage de voir si peu de chœurs s’afficher en action. Oui, je sais. Les droits d’auteur, les contrats avec les musiciens et les solistes, et tout ça. Mais il existe tout plein d’occasions de filmer votre belle gang à la bonne franquette afin de donner une vue privilégiée sur votre chœur.

Quelques conseils :

  • Ne vous souciez pas tant de la qualité du vidéo. Oui, c’est préférable, mais pensez à toutes ces vidéos que vous consommez quotidiennement sur YouTube. La plupart ont été filmées avec un téléphone ben ordinaire, pas avec une Red.
  • Si vous publiez beaucoup de vidéos, pensez à créer des listes de visionnement (les fameuses playlists). Plus facile à consulter et ça donne une meilleure idée de ce que vous faites et aimer.
  • Ne vous contentez pas de publier vos propres vidéos. Cherchez et sauvegardez les vidéos YouTube de tiers qui présentent des pièces que vous avez déjà chantées ou d’artistes que vous aimez.
  • « Suivez » les artistes et compositeurs que vous aimez. Et pourquoi pas, d’autres ensembles vocaux. Du beau contenu à spinner sur votre Facebook et votre site.

Équipés pour chanter tard!

Vraiment, avec ces 4 plateformes, vous êtes en machine! Si vous vous assurez d’en prendre soin, de les nourrir régulièrement, d’y susciter la conversation et de les utiliser pour répondre aux besoins des personnes que vous voulez séduire (et non pas pour vous autocomplaire; à cet effet, googlez mon billet « Les sites nombriliques… l’art d’accumuler la poussière »), vous permettrez à votre audience de mieux saisir votre ADN. Cette proximité émotionnelle vous aidera à donner le goût à votre clientèle d’assister à vos spectacles et de chanter avec vous.